La khâgne...ça vous gagne ? Mon avis sur le combo hypokhâgne-khâgne-khûbe.

05:31:00

     Je ne pouvais pas attendre plus longtemps pour parler d'une part importante de ma scolarité, à savoir mes années prépas :) Autant annoncer le ton : pour moi ces années ont totalement métamorphosé mon rapport aux études, et je ne pense pas que j'aurais été la même sans. Je ressors extrêmement satisfaite de ces trois longues années, pour tout ce qu'elles m'ont apporté, en terme de rigueur, de travail, d'organisation, de culture et aussi, de très belles rencontres qui ont complètement changé ma vie. 

Je ne savais absolument pas ce qu'était la classe préparatoire jusqu'à l'année du bac, où la conseillère d'orientation en a parlé très rapidement. Cela m'a quelque peu intriguée puisqu'il semblait que l'organisation ressemblait à celle des années de première et terminale -ça tombe bien je suis très lycée- et qu'elle nous permettait ensuite d'accéder à la fac par le biais d'équivalences... Ni une ni deux, j'ai choisi une classe préparatoire que j'ai visitée en janvier 2012 et j'y ai été reçue en mai 2012 pour la rentrée de septembre. Lors de la visite en janvier, j'ai pu constater que l'équipe de professeurs était assez chouette, j'ai rapidement entrevu les attentes des professeurs et ce que j'y gagnais et tout cela m'a rassurée. 


l'équipe de professeurs, tout sourire !

Je sais très bien qu'à 18 ans, on a quand même intérêt à se préparer à être plus autonome, mais ce n'était pas le cas pour moi : je voulais entrer en classe prépa parce que ça ressemblait assez au lycée, que ça me permettrait sûrement de faire mes preuves après le bac, et que ça n'était pas très loin de chez moi (j'ai trouvé une prépa à 30 minutes en transport de chez moi). Cela dit, comme vous le lirez plus tard dans l'article, la prépa demande énormément d'autonomie et même si les professeurs sont omniprésents, l'investissement personnel, celui qui existe en dehors de la classe, se fait ressentir à chaque devoir. 




L'hypokhâgne : la découverte 

     L'hypokhâgne est sûrement l'année la plus enrichissante qu'il soit : on admet qu'après la terminale, vous avez assez de bases et que l'on a alors surtout besoin de revoir la méthodologie afin de vous parfaire...Bon, au cas particulier cela peut être bien différent, mais c'est au moins une année où vous avez le temps de faire le tour de vos difficultés -manque de culture générale, problème avec la dissertation etc...- et apprendre à vous organiser! 


     Les professeurs suivent habituellement des programmes assez larges pour bien faire le tour de tout : en littérature avaient été travaillés tous les genres littéraires, en histoire, un tour depuis l'Antiquité au XIXème siècle... Grâce aux conseils des professeurs, au travail régulier imposé par les colles, les DST et les DM (on dirait des noms de MST mais bon...), on finit réellement par obtenir un rythme de travail assez soutenu.

Les concours blancs, ou concours noirs comme j'aime à les appeler ont lieu au moins deux fois par an, en fin de trimestre et préparent donc au grand concours d'avril la deuxième année. La première année, j'avoue ne pas les avoir pris au sérieux tout simplement parce que je ne réalisais pas encore ce à quoi ils pouvaient préparer. Si j'avais un grand conseil aux futurs élèves, c'est de ne pas croire que les bons résultats- admissibilité, sous admissibilité, écoles de commerce- ne sont faits que pour les autres et de se mettre à travailler régulièrement et le plus souvent possible ! Même les concours blancs d'hypokhâgne doivent vous aider à y voir clair dans vos capacités, vos méthodes de révisions, l'assimilation de ce que vous apprenez...

     J'ai fini l'hypokhâgne avec des notes assez satisfaisantes dans une grande majorité des matières (environ 13 de moyenne) en commençant à travailler très régulièrement en deuxième partie d'année. Je sais qu'on doit s'attendre à une sacrée baisse des notes en arrivant en classe préparatoire, mais j'ai fini par comprendre que cela n'était pas définitif mais seulement relatif à une adaptation dans les méthodes de travail :). 
     J'ai évidemment voulu abandonner, arrêter parfois... j'ai eu des baisses de régime, de très sale note (des 5, des 6, des 7/20) mais je me suis juste efforcée de penser au fait que, même si cela me prendrait du temps, je trouverai le moyen de retrouver de très bons résultats. 

-> Dites vous bien que même sans aller jusqu'à une khâgne ou une khûbe, l'hypokhâgne est toujours bénéfique d'une certaine manière : je le ressens chez mes amis n'ayant pas continué, cela leur ont apporté une notion de ce qu'est la difficulté, la régularité, le travail ! On y obtient également énormément de méthodes, de notions d'organisation et je ne pense vraiment pas qu'à la fac, on puisse encore s'occuper de vous alors que c'est réellement ce dont on a besoin !

La khâgne : les montagnes russes. 

     Suis-je la seule à trouver que l'hypokhâgne ne nous prépare pas vraiment à la montagne de travail, les nouvelles exigences de la khâgne? C'est souvent l'impression que j'ai eue : je suis arrivée en khâgne sans véritable connaissance des attentes, des nouveaux professeurs et des nouveaux camarades que j'allais avoir. La classe était alors composé d'1/3 de khûbes (ceux qui retapent la khâgne) et il a fallu faire avec,c'est à dire prévoir une nouvelle entente à construire avec les professeurs, une place à se faire...

Je suis allée en spécialité lettres modernes parce que j'étais alors fixée sur ce que je voulais faire : professeur de français un point c'est tout! Il a fallu que je réalise que je ne maîtrisais PAS la méthode du commentaire composé, que je réalise que j'avais fait une erreur de n'avoir pas lu toutes les oeuvres au programme, ni préparé quoi que ce soit pour le concours. 

Paradoxalement, mes notes étaient certes plus basses mais certains professeurs croyaient en moi. On me parlait de sous-admissibilité, et j'avais envie de réussir. Je lisais les copies de mes camarades, les forums, les conseils de professeurs, je faisais des fiches, je relisais mes mauvaises copies, je notais ce qui n'allait pas. Même en ayant beaucoup d'amies, de camarades que j'adorais, je me suis efforcée de travailler seule, ce qui est meilleur pour moi même aujourd'hui. Je suis restée chez moi la dernière semaine avant les concours à ne faire que réviser, et puis je suis allée aux concours assez sereine. 

J'ai eu raison puisque malgré mes 9 de moyenne durant l'année je me suis retrouvée avec une sous admissibilité en fin d'année :) Pour la petite anecdote, je rentrais chez moi et j'appelais une amie (coucou Ilhem) afin qu'elle cherche le nom de ma camarade Zoé pour qui je souhaitais très fort une admissibilité à l'ENS! Elle m'a appelé, n'a pas trouvé son nom, a fait le tour de la liste de sous-admissibles et a crié très fort "OH MON DIEU ANISSA TU Y ES". Sur le coup j'étais tellement choquée que j'ai pleuré, j'étais hyper fière de moi ! 

La khûbe : la meilleure année de ma vie. 

Un ensemble de facteurs fait que la khûbe a été une des plus belles années de ma vie, si ce n'est la meilleure : 
  • après mon travail l'an passé, j'avais le droit à énormément d'estime de la part des professeurs
  • je me sentais mille fois plus sûre de moi
  • j'avais conscience qu'il s'agissait de ma dernière année et je voulais en profiter 
  • j'ai fait LA rencontre de ma vie :)
  • je suis allée à Rome, en escapade avec la classe et ça a été une très belle semaine ! 


Rome <3 

      J'aurais tendance à conseiller les gens qui hésitent à khûber pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il s'agit de s'améliorer, de poursuivre les efforts qui ont été faits l'an passé. Ensuite, il faut savoir que l'année de L3 à la fac demande énormément de travail, presque plus qu'une khûbe! Enfin, vous avez toujours la chance de rééssayer votre chance au concours et de tenter d'avoir une première ou deuxième sous admissibilité, voire une admissibilité à l'ENS ! 

     Cette année a été tranquille : je savais que je pouvais réussir en travaillant, et en même temps la sous admissibilité précédente avait été tellement surprenante qu'il m'a fallu m'assurer que j'avais de vrais acquis et non pas seulement un coup de chance. Cela s'est confirmé très vite puisque je n'ai pas eu une seule note sous la moyenne de l'année, que les 13/12 de l'an passé en composition sont passé à des 15/17 (et 19 le jour du concours) et que je savais enfin comment réviser ! 

     Je n'ai pas hésité à investir du temps dans mes révisions, en fichant seule le mardi matin au CDI, en allant à la bibliothèque, en empruntant et en achetant des livres. Je me permettais de conseiller et d'aider mes camarades de classe puisque ça me permettait de m'assurer de mes connaissances. L'année s'est déroulée de manière excellente, je prenais le temps de faire des exposés, de partager mes fiches, et en même temps de me focaliser sur mes soucis. Contrairement à l'an passé, j'avais préparé à l'avance mes lectures, des fiches en philosophie et cela a été bénéfique car l'année est passé très vite

     L'année s'est terminée avec une nouvelle sous-admissibilité à l'ENS, avec des notes plus hautes (19, 14) et d'autres plus basses que l'an passé (7 en géographie et en lettres modernes alors que j'avais 15 à ces deux matières toute l'année...). J'ai eu le droit d'entrer en master de littérature française à la Sorbonne, sans pour autant avoir de licence puisque je n'étais pas inscrite à la fac... 


Les côtés positifs  : 

  • la culture générale : qu'il s'agisse de noms, de dates, de citations... des années sous programmes fixés ne vous empêchent en rien de gagner énormément de culture générale en prépa, tout simplement parce que les programmes sont ouverts à énormément de points très larges! Cela marche évidemment si vous faîtes un petit effort de curiosité! 
  • l'attention des professeurs : avoir des professeurs qui font attention à vous, qui savent et remarquent quand vous n'êtes pas là et quand vous n'allez pas bien c'est une chance inouïe après le baccalauréat ! Vous n'êtes pas un numéro d'étudiant, mais une vraie personne ! 
  • Les méthodes élémentaires : à faire au moins trois dissertations par mois, dans chacune des matières, un commentaire composé par mois, des colles, vous finissez par intégrer les méthodes ou au moins, à savoir ce qu'il ne faut pas du tout faire!
  • Les camarades de classe qui deviennent des amis : et oui! trois ans dans la même classe ça crée des amitiés très fortes ! Je suis restée en contact avec un grand nombre de camarades, qui sont devenues de vraies amies aujourd'hui ! 
  • L'organisation : quand organiser son travail devient fondamental, vous savez que les choses ont changé ! En effet, il est si peu possible de bien réussir sans un minimum d'organisation que la prépa vous apprend au moins ça, et cela devient alors un acquis que vous conservez votre vie entière! Refaites donc un tour sur l'article consacré au sujet ici
  • Trois ans pour choisir : les passerelles entre les spécialités sont assez fines; vous pouvez très bien allez en Master de lettres après de la philsophie (cf. Manon H. ) ou demander des équivalences en droit après une hypokhâgne ! La pluridisciplinarité offre au choix des connaissances larges dans plusieurs matières, ou alors des passages intéressants ! Vous pouvez également vous intéresser aux écoles de commerce/management/Science Po comme cela a pu être le cas pour beaucoup de camarades ! 

Les côtés négatifs (il y en a)

  • Les burn-outs: il y en a évidemment, au moins une fois par an ; ce moment où vous ne pouvez plus ouvrir un livre, un cours et que vous n'avez plus la distance qu'il faut pour encore faire attention à ce qu'il y a de positif dans votre année! Vous avez alors envie d'arrêter, de tout lâcher... Prenez le temps de vous reposez, d'en parler à vos professeurs (les miens étaient très à l'écoute). 
  • le problème de la khûbe : chouette chose que la khûbe sauf que ... il y a un an, l'inscription en université n'était pas obligatoire, si bien que je me suis retrouvée sans licence, mais seulement des années de classes préparatoires avec des équivalences en A. Cela ne vaut absolument rien. Et oui, même une sous admissibilité ne vous prémunit pas de ce souci: il faut donc faire attention à toujours s'inscrire et à vérifier l'état de nos équivalences ! 
  • Le choix des professeurs : sans le savoir, les professeurs établissent des choix dont on peut se sentir isolés : il suffit qu'un élève leur tape à l'oeil pour qu'une dizaine soient évincés de leurs préoccupation et ne profitent pas de leur aide. Et qu'on ne me dise pas non ! Je l'ai vu entre la khagne et la khûbe, c'est le cas malheureusement, l'attitude change complètement... Dans ce cas là il ne faut pas hésiter à leur faire entendre la vérité (ils nient évidemment d'où le gif d'accompagnement) et à travailler de son côté. 


     J'espère que cet article convaincra les plus réticents à s'inscrire en classe préparatoire ! Contrairement à ce qui se dit, non ce n'est pas fait que pour les riches, les fils et filles de, les intellectuels et autres : je suis née dans le 93, prépa dans le 93 et mes parents et moi même sommes très loin d'être riches! Je reste seulement convaincue que du travail, de l'organisation et de la patience peuvent vous mener loin :) 

Réticents à s'inscrire ? Sentiments différentes vis à vis de la prépa ? N'hésitez pas à m'en parler en commentaire ! 
à très vite! 
Anissa E. 

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6 commentaires

  1. Salut Anissa !
    Merci pour cet article qui pourra en aider plus d'un :)
    Pour ma part j'ai fait IUT (six mois) et fac :) Je ne voulais pas du tout aller en prépa hors de question. L'ambiance est très particulière et j'ai une amie qui est vraiment tombée en dépression à cause de ça mais bon heureusement cela n'arrive pas à tout le monde ! Vous êtes une petite famille mais je pense que les prépas parisiennes et les préparés en "provinces" sont différentes :)

    Je t'embrasse
    Marianne

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    1. Coucou Marianne !
      Je n'ai pas voulu parler de la dépression en prépa car c'est très négatif, mais ça arrive en effet :/ Je pense qu'il faut savoir s'écouter et ne pas poursuivre quand c'est plus déprimant que motivant !
      Bisous à toi et à très vite sur nos blogs respectifs, Anissa.

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  2. Une petite mise en abyme, un article sur Anissa durant ses années de prépa dans son article sur la prépa, pour enrichir son propos ;)

    http://www.leparisien.fr/informations/cela-m-oblige-a-me-limiter-10-02-2014-3575115.php#xtref=https%3A%2F%2Fwww.google.fr%2F

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    1. Un magnifique article agrémenté d'une photo de qualité qui animera plus d'un !

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  3. Super article, je me suis vraiment reconnue dans l'expérience que tu relates !
    Actuellement en khâgne, j'hésite fortement à khuber l'année prochaine. Je sais déjà que je veux devenir professeur de français, mais je me demandais, est-on accepté facilement dans le Master que l'on souhaite après une khube ? (J'aimerais faire un Master Recherche à Paris 4)

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  4. Très bon article : ) néanmoins, dans la fac où je suis, tous nos professeurs sont disponibles et nous connaissent. Nous avons l'opportunité de changer d'orientation au 1er semestre de la l1 et la transdisciplinarité est valorisée. J'ai pu moi même choisir un parcours différent au sein des lettres . On se fait également des très bons amis a la fac et des voyages en Grèce ou a Rome. Pour ce qui est de la culture générale et de l'autonomie tout dépend de l'étudiant. Sans me vanter, j'ai une solide culture générale que j'ai acquise grâce a ma curiosité depuis toute petite. On se donne le niveau qu'on veut avec ou sans prepa, avec ou sans fac. Et le niveau n'est pas moins bon ou la formation moins bonne a la fac. Des mentions très bien sur les 3 années de licence ça existe. Si l'étudiant travaille ca marchera comme pour tout :) j'ai des amis qui sortent de prepa et ne savent pas ce que c'est qu'une subordonnée donc il y a des manquements partout. On se donne le niveau qu'on veut. Malgré tout, ton post reste intéressant.

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